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Enjeux politiques : Retour sur les 3 dossiers les plus populaires de l’année
Enjeux politiques : Retour sur les 3 dossiers les plus populaires de l’année
Les événements ont été nombreux en 2024, mais nos trois sujets les plus populaires, à savoir la productivité, l’ACEUM et l’agriculture, sont toujours aussi d’actualité.
On le sait. La politique publique peut être un sujet lourd. C’est pourquoi les Enjeux politiques cherche à vulgariser les lois, les règlements et les autres décisions fédérales en proposant des textes informatifs et (espérons-le) intéressants.
Avec celui-ci, nous avons publié 12 éditions des Enjeux politiques en 2024, sur des sujets aussi variés que la productivité, le logement ou le commerce international. Les événements ont été nombreux en 2024, mais nos trois sujets les plus populaires, à savoir la productivité, l’ACEUM et l’agriculture, sont toujours aussi d’actualité.
Le problème de la productivité au Canada
La productivité n’a jamais perdu de son importance pour notre économie, mais c’est en 2023 que cette notion a vraiment commencé à frapper l’imaginaire des gens. La situation s’est aggravée en 2024 lorsque la Banque du Canada a qualifié ce problème d’urgence nationale.
La productivité (mesurée par le PIB créé par heure travaillée) est étroitement liée à notre niveau de vie : une hausse de la productivité améliore les salaires, fait baisser les prix et augmente les recettes fiscales qui soutiennent les services publics auxquels les Canadiens sont attachés et dont ils dépendent. Malheureusement, les niveaux de productivité du Canada sont en baisse depuis des décennies. À l’heure actuelle, un travailleur canadien apporte environ 100 dollars à l’économie nationale, alors qu’un Américain y consacrant le même temps et les mêmes efforts contribue à hauteur de 130 dollars.
Plusieurs facteurs influencent notre piètre performance : pénurie de main-d’œuvre qualifiée, perturbations de la chaîne d’approvisionnement, manque de concurrence, proportion élevée de petites entreprises et lenteur de l’adoption des nouvelles technologies, comme l’IA.
Nous ne pouvons pas changer nos niveaux de productivité du jour au lendemain, mais c’est un facteur trop important pour le niveau de vie et notre capacité collective à payer les choses que nous voulons pour ne pas en faire une priorité. Avec le retour au pouvoir du président élu Donald Trump et son intention d’imposer des droits de douane de 25 % sur les exportations canadiennes vers les États-Unis, notre productivité risque d’être à nouveau gravement ébranlée. Dans son récent rapport intitulé Des partenaires pour la prospérité, l’auteur et professeur d’économie Trevor Tombe estime qu’un tarif douanier général de 10 % entraînerait une baisse de 1,6 % de la productivité du travail et une perte de revenu de 1 100 dollars par Canadien et par an. Avec des droits de douane de 25 % (et les représailles commerciales qui en découlent), ces chiffres ne font qu’empirer : environ 1 900 dollars par Canadien et une récession probable d’ici le milieu de l’année 2025.
Pour rattraper notre retard en matière de productivité, nous devons nous concentrer sur ce que nous pouvons faire ici, chez nous, par exemple :
- Renforcer l’investissement dans l’agriculture
- Accroître l’adoption du numérique, de la technologie et de l’IA dans les entreprises canadiennes, en particulier les petites entreprises.
- Garantir la protection de la propriété intellectuelle
- Accroître les investissements en recherche et développement
- Éliminer les barrières commerciales internes pour la libre circulation des biens à travers le pays.
Notre pays a la chance de bénéficier d’un haut niveau d’éducation, d’une abondance de ressources naturelles et du plus grand bassin de chercheurs en IA au monde. Il est donc bien armé pour renverser la vapeur, à condition de faire preuve d’une volonté politique à la hauteur du défi.
Voici quelques raisons de s’inquiéter de l’avenir l’ACEUM
Le Canada, les États-Unis et le Mexique entretiennent l’une des relations commerciales les plus importantes au monde, représentant ensemble près d’un tiers du PIB mondial! Ce partenariat économique est rendu possible par l’ACEUM, un accord de libre-échange.
Le président élu Donald Trump a déjà déclaré qu’il avait l’intention de rouvrir l’ACEUM en 2026 et d’y apporter des changements plus en phase avec les intérêts américains. Cependant, avec les politiques protectionnistes de Trump (y compris les tarifs douaniers de 25 % mentionnés précédemment), ces changements risquent de perturber l’environnement commercial stable et prévisible dont les Canadiens et les entreprises canadiennes ont grandement bénéficié.
Pour que l’examen de l’ACEUM de 2026 favorise les intérêts économiques du Canada, le Canada devrait s’attaquer à l’avance à plusieurs irritants commerciaux. Citons notre nouvelle taxe sur les services numériques, qui est une source majeure de discorde avec les États-Unis, les fréquentes interruptions de travail et les ruptures dans nos chaînes d’approvisionnement, ainsi que notre incapacité persistante à respecter l’engagement de l’OTAN en matière de dépenses de défense, qui est de 2 % du PIB.
Il est important que le Canada accorde avant tout la priorité à la préservation de l’accord et de ses principales dispositions actuelles. Nous devrions au préalable travailler en collaboration avec les États-Unis et le Mexique pour proposer des mesures ciblées visant à renforcer l’accord et à renforcer la sécurité économique dans toute l’Amérique du Nord. C’était justement l’objectif de nos missions commerciales aux États-Unis en 2024, qui ont permis aux entreprises canadiennes de renforcer leurs liens avec leurs homologues et les décideurs américains.
Renforcer le secteur canadien de l’agriculture et de l’agroalimentaire
Le secteur agricole et agroalimentaire canadien est un moteur économique qui emploie 2,3 millions de personnes et contribue à hauteur de 7 % au PIB du pays. Au-delà de nos propres besoins, ce secteur pourrait à lui seul répondre à la demande mondiale de denrées alimentaires, moyennant un investissement adéquat.
La vision stratégique du Canada pour le secteur agroalimentaire doit faciliter l’accès aux marchés mondiaux en expansion, de manière à lui permettre d’atteindre son objectif pour 2028, à savoir 95 milliards de dollars d’exportations de produits agroalimentaires et de la mer et 250 milliards de dollars de revenus pour le secteur.
Investir dans le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire est profitable pour le Canada, car les mesures qui mèneront à la croissance du secteur auront également des effets positifs sur l’ensemble de notre économie. Par exemple, l’expansion de notre industrie agricole et agroalimentaire dépend en grande partie de notre capacité à transporter les marchandises de manière efficace et fiable vers les marchés internationaux. Pour ce faire, il faudra investir dans des infrastructures de commerce et de transport stratégiques et à long terme qui renforcent nos chaînes d’approvisionnement internationales, ce qui profitera à toutes les autres industries qui exportent.
Enfin, il y a la productivité. En général, les secteurs comme l’agriculture, qui comptent une grande part de PME, sont parmi les moins susceptibles d’adopter de nouvelles technologies. Pourtant, l’adoption de technologies contribue de manière significative à la productivité. Si nous pouvons aider le secteur agricole à augmenter ses taux d’adoption, non seulement il bénéficiera de la croissance et de l’augmentation de la productivité, mais la productivité nationale du Canada en profitera également.
Enfin, alors que se profilent les droits de douane envisagés par le président élu Donald Trump, nous pouvons fabriquer des produits de plus grande valeur ici, chez nous, et les vendre à l’échelle mondiale à un prix plus élevé en développant nos capacités de transformation et de fabrication au niveau national. Nous expédions trop souvent nos matières premières à l’étranger pour qu’elles soient transformées par un autre pays (comme les États-Unis), avant de les racheter sous la forme d’un nouveau produit. Encourager la transformation agricole à valeur ajoutée permettra de créer davantage d’emplois et d’activités économiques qui ne dépendront pas autant de nos relations commerciales avec les États-Unis.